mardi 21 août 2007

Crime de Guerre




Des milliers d’enfants-soldats
mardi 9 septembre 2003
Les enfants soldats, Ces machines à tuer...

Aussi bien les garçons que les filles sont recrutés et mis à l’œuvre lors de conflits armés. Les filles risquent davantage de servir comme esclaves sexuelles pour un, parfois plusieurs « gradés » du mouvement militaire.
Il y a ainsi l’histoire de Stéphanie (pour raisons de sécurité nous utilisons ici un nom d’emprunt) qui nous raconte que les filles sont particulièrement vulnérables lorsqu’elles sont recrutées comme enfant soldat. Stéphanie est originaire de Burigni. Elle n’avait que 12 ans quand elle a été recrutée au Sud-Kivu (République démocratique du Congo) par des soldats du rassemblement congolais pour la Démocratie (RCD-Goma).
Elle devait porter de lourdes charges et combattre en première ligne. Elle était souvent frappée et violée : « Un jour, un commandant a voulu que je devienne sa femme, alors, j’ai essayé de m’enfuir. Ils m’ont rattrapée, fouettée et violée. Plus tard, quand j’avais tout juste 14 ans, j’ai eu un bébé. J’ai réussi à m’échapper, mais je ne sais même pas qui est le père et je n’ai rien à lui donner à manger ». Les filles risquent en outre davantage de contracter le virus du sida. Il y a de solides rumeurs disant que les viols se produisent à grande échelle afin de répandre le virus aussi largement que possible et pour l’utiliser comme arme de guerre.
L’âge des enfants soldats varie le plus souvent de 15 à 18 ans. Le recrutement a souvent lieu dès l’âge de 10 ans et même plus jeune. Parfois, il est même fait mention d’enfants d’à peine 7 ans.
Comme dit plus haut, des enfants sont enlevés, mais beaucoup d’enfants viennent se présenter spontanément aux mouvements armés. Leurs raisons de « solliciter » sont bien souvent des raisons de stratégie pure pour leur survie : manger, boire, un endroit où dormir, un réseau social. Les enfants s’engagent pour ne plus être seuls, pour se venger de ce qu’il est arrivé à leur famille, après avoir été eux-mêmes maltraités ou avoir été témoins de mauvais traitements...
Les enfants subissent souvent un endoctrinement à l’école ou dans des mouvements de jeunesse. Une fois au camp, ils reçoivent une formation (rude).
Les enfants apprennent dès le début à contempler ou à exécuter eux-mêmes des atrocités. Même parfois contre les membres de leur propre famille. Ils apprennent à tuer et à ne pas avoir peur.
Très souvent, les enfants sont (obligés ou non) sous l’influence d’alcool et/ou de drogues. Les enfants qui sont incorporés dans un mouvement armé mènent une vie dure et lourde à supporter. Sur le plan physique, la vie d’enfant-soldat exige énormément de la part des enfants : ils doivent porter de lourdes charges, risquent la malnutrition, ils sont en contact avec drogues et alcool, risquent la contamination par le virus du sida, des grossesses non désirées, ils doivent faire du déminage, et risquent qu’on leur tire dessus ou même d’être tués. Le dur régime d’entraînement et le combat final mènent souvent à des décès parmi ces enfants.
Outre les dangers physiques, ces enfants sont soumis à de lourds efforts psychologiques. Ils sont traités mal et brutalement. S’ils ne se plient pas aux ordres de leur « supérieurs », ils risquent des châtiments physiques ou même l’exécution. Ils sont obligés de tuer des amis et/ou des membres de leur famille. Tous ces facteurs rendent les choses difficiles, insupportables même pour les enfants. Parfois les enfants ne voient pas d’autre solution que de se tuer ou d’en tuer d’autres.
Les enfants soldats qui tombent aux mains de l’ennemi sont souvent torturés, maltraités ou exécutés. Pour l’ennemi, ils constituent un objectif légitime d’attaquer. Le fait d’être membre d’une force armée, liée ou non au gouvernement, leur fait perdre le droit à la protection en tant que civil. Cela signifie que, en tant que combattant, ils peuvent tuer ou être tués, même s’ils ont moins de 18 ans.
Les enfants sont souvent incorporés uniquement parce que, à cause de la durée d’un conflit armé, les combattants plus âgés sont déjà « usés ». Il y a un besoin constant de « sang frais », de nouveaux combattants.
Les enfants constituent de bonnes « victimes » pour devenir enfants soldats. Les enfants possèdent en effet des caractéristiques, propres aux enfants qui les rendent si demandés par les mouvements armés.
Ils sont bon marché, ils ne demandent pas grand chose. On peut les former sans peine pour se mettre à tuer sans peur. Les enfants voient trop souvent le combat comme un jeu, auquel ils peuvent participer. Ils ne s’arrêtent pas aux dangers potentiels ou aux conséquences de leurs actes.
Les enfants manifestent souvent une obéissance incroyable envers leurs chefs. Ils acceptent l’emploi des drogues, de l’alcool... bref, tout ce que leur chef leur donne. Parfois, des enfants se sont portés volontaires à l’incorporation parce qu’ils vivent seuls. Ils restent donc loyaux envers leur chef qui les « accueille ».
Grâce à leurs caractéristiques, les enfants sont recrutés sans peine. Les développements technologiques gardent en vigueur l’utilisation d’enfants soldats : le développement et la propagation d’armes. Les armes, devenant de plus en plus légères et petites, sont très faciles à utiliser par des mains d’enfants.
Il est également important de savoir que, si dans une région déterminée, des enfants soldats participent activement à un combat, tous les enfants, donc également les enfants « civils » sont visés. Tous les enfants de cette région courent un danger ; ils peuvent être utilisés comme un objectif par l’ennemi.
La réintégration sociale d’anciens enfants soldats n’est pas toujours couronnée de succès. Beaucoup d’organisations font leur possible en combinant les derniers développements de la psychologie enfantine avec les habitudes et les rites traditionnels. Passer d’un environnement militaire lourd à la société peut être extrêmement difficile, surtout pour ceux qui sont rejetés par leur famille ou qui ont perdu leur famille ou pour ceux qui vivent dans une société qui a elle-même été soumise à la guerre pendant des années.
Il est nécessaire d’accorder une attention particulière aux expériences et aux besoins des filles qui ont souvent été négligés dans les programmes d’aide.
Le développement et la poursuite de ces programmes sont d’une importance énorme pour les efforts de paix, la stabilité et le développement à long terme des régions où les conflits ont cessé.
Dans la plupart des pays, les enfants à partir de 18 ans reçoivent l’autorisation de voter parce que l’on attend d’eux qu’ils ont fait la transition entre l’enfance et l’âge adulte et qu’ils sont aptes à assumer les responsabilités légales et morales y afférentes. C’est pourquoi il faudrait exiger la même maturité psychique pour décider d’entrer dans l’armée ou d’adhérer à des groupes armés.
On peut discuter sur le fait de savoir si les enfants soldats sont des victimes ou des acteurs. Ceci est important pour d’éventuels jugements. Des enfants, qui ont été sous l’influence de drogues ou d’alcool, sont à considérer comme des victimes. Des ONG, parmi lesquelles Amnesty International, demandent que les anciens enfants soldats en général ne puissent être condamnés à la peine de mort, à des châtiments physiques ou à d’autres traitements cruels et inhumains en quelque circonstance que ce soit.
Le Traité des Nations unies sur les droits de l’Enfant datant de 1989 constitue pour cela un important soutien. Ce traité dispose que les États qui le signent s’engagent à prendre toutes les mesures nécessaires pour que des enfants de moins de 15 ans ne puissent être impliqués dans des conflits armés.
Le Protocole facultatif au Traité sur les droits de l’Enfant qui s’appuie sur un certain nombre de traités internationaux (2), a été adopté le 25 mai 2000 par l’Assemblée générale des Nations unies. Ce Protocole interdit la participation à des conflits armés et le recrutement d’enfants de moins de 18 ans (également connu en tant que point de vue « straight 18 ». Le Protocole est entré en vigueur le 12 février 2002. Le Protocole facultatif dispose que l’utilisation d’enfants soldats est inacceptable en quelque circonstance que ce soit.
Sur le plan international, un certain nombre d’ONG se sont rassemblés au sein de la Coalition internationale contre l’utilisation d’enfants soldats (1998). Par analogie, dans le monde entier, des Coalitions régionales et nationales contre l’utilisation d’enfants soldats ont été créées. La Coalition belge, où siège entre autres Amnesty International Vlaanderen, s’occupe d’empêcher des groupes armés de recruter ou d’utiliser des enfants. Elle s’occupe également de mettre en sécurité d’anciens enfants soldats et de leur réhabilitation et réintégration dans la société.
La Coalition belge contre l’utilisation d’enfants soldats établit encore que l’utilisation d’enfants en tant que soldats constitue l’une des formes les plus extrêmes de maltraitance et d’exploitation d’enfants et une méconnaissance manifeste des droits de l’enfant.
Les ONG réunies sont d’avis que le Protocole insiste à juste titre sur l’importance d’une collaboration internationale dans la lutte contre l’utilisation d’enfants soldats.
La république démocratique du Congo (RDC) a, comme le Rwanda et l’Ouganda, ratifié le protocole facultatif au Traité sur les droits de l’enfant. Hélas, cela ne signifie pas que la situation s’y est améliorée pour les enfants ou pour les ex-enfants soldats. La problématique, des enfants soldats schématisée ci-dessus, porte évidemment aussi sur tous les enfants soldats qui participent ou ont participé aux combats en RDC.
Il est très difficile d’apposer un chiffre total, mais le nombre total d’enfants soldats en RDC est évalué à 30 000 environ, surtout actifs dans le Nord et l’Est du pays. Les Nations unies estiment que quelque 15 à 30 % de tous les combattants nouvellement recrutés sont des enfants de moins de 18 ans ; un grand nombre a même moins de 12 ans. Une récente mission d’Amnesty International en RDC a découvert que même des enfants de moins de 7 ans étaient recrutés par certains mouvements armés actifs dans le conflit.(3)
Lmes enfants soldats sont recrutés par divers mouvements. Des mouvements non congolais également incorporent des enfants pour combattre en RDC (principalement des mouvements d’opposition armés d’Ouganda et du Rwanda, qui utilisent la RDC comme base extérieure. Les enfants se voient offrir de l’argent et la promesse de bonnes conditions de vie pour qu’ils participent aux combats.
Ces milliers d’enfants, appelés parfois « kadogo » se battent depuis 1996 dans les différentes guerres civiles qui ont frappé la RDC depuis lors.
Pas mal d’enfants aboutissent dans une milice armée parce qu’ils vivent dans la rue où ils craignent d’être arrêtés par la police. Beaucoup de mouvements ont profité de cette situation pour incorporer des enfants soldats (4).
En RDC, on n’a pas peur de juger et d’exécuter éventuellement des enfants soldats. Beaucoup d’ex-enfants soldats sont détenus parfois pendant des mois ou des années sans accès à des soins de santé ou à une assistance légale.
Le récit de Marcel (encore un nom d’emprunt), qui a été recruté à 11 ans par le RCD-Goma à Fizi au Sud-Kivu est illustratif : « j’ai suivi l’entraînement à Kidote, près de Sange. L’entraînement était dur, certains de mes amis sont morts de paludisme, de faim, pour avoir couru sur de longues distances, pour avoir dû se faufiler dans des trous. On faisait des exercices de tir. L’entraînement devait durer deux mois. Après, cela a été encore pire. Nous nous sommes battus contre de nombreuses milices. Le plus difficile, c’était de tuer des gens ; dans mes cauchemars, je continue encore à voir les gens qui sont morts devant moi. Mais j’étais obligé de les tuer si je ne voulais pas être tué moi-même comme mes amis (...) Un jour, on a été pris dans une embuscade et j’ai été capturé par les May-May et emmené dans les collines. J’ai été torturé, ligoté, battu . Les May-May ont tué sept d’entre nous. Ils nous ont demandé de nous joindre à eux et de nous battre contre le RCD. Ceux qui ont refusé ont été tués par les May-May ; Je n’ai pas résisté, j’ai rejoint les May-May. Ils m’ont donné des drogues et m’ont fait de petites incisions sur la main pour les y appliquer. On m’a donné un fusil et on s’est battu contre le RCD-Goma à Fizi. Je me suis retrouvé en train de me battre contre certains des amis avec lesquels je combattais au sein du RCD-Goma. Plus tard, je suis tombé malade et les May-May m’ont dit que je devais rentrer chez moi me faire soigner. Je suis donc rentré chez moi, mais je n’ai pas trouvé mes parents, ils avaient dû fuir et se trouvaient dans un camp de réfugiés en Tanzanie. Alors que j’étais au village, j’ai été enrôlé à nouveau par les May-May pour huit mois. Mais un jour, je suis arrivé chez moi et j’ai décidé d’y aller. Mon ordre de démobilisation a été signé. Je me trouve dans un centre de démobilisation. Ma mère est morte lors de sa fuite en Tanzanie et mon père, paralysé, vit dans ce pays. Je voudrais aller à l’école, mais je n’ai pas d’argent, pas même pour manger. »
Amnesty International demande à la Commission des Nations unies pour les droits de l’homme d’obliger la RDC à traduire en actes son engagement à l’égard du Protocole facultatif. En outre, la RDC doit mettre en œuvre et soutenir efficacement les programmes de démobilisation et de réhabilitation. Amnesty International demande non seulement d’enlever les enfants aux troupes, mais également de leur donner le soutien matériel, psychologique et matériel indispensable pour les réintégrer avec succès dans la société. Des alternatives à l’incorporation militaire doivent être offertes, comme la possibilité de travailler et des possibilités de formation. En outre, il faut éviter la réincorporation
(5). Amnesty International appelle la Commission pour les droits de l’homme des Nations unies à créer une commission internationale qui pourra examiner les violations graves des droits humains et des lois

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